Ceux qui font parfois douter
(petit billet d'humeur et sans photos)
Il y a ceux qui me regardent avec des yeux curieux et pétillants.
Ceux qui ont soif d'apprendre et se donnent du mal avec cette langue qui les fascine mais qu'ils écorchent encore.
Ceux qui me donnent du "Hello, miss!" quand je traverse la cour.
Celle que je dois rassurer quand elle me dit qu'elle aura du mal à faire ses devoirs parce que sa grand-mère, avec qui elle vit, n'y comprend rien à l'anglais.
Celui qui, timide, me tend les paroles de sa chanson préférée pour que je lui traduise.
Tous ceux qui, doucement mais sûrement, ou parfois avec vivacité et dynamisme, me montrent qu'ils aiment découvrir et s'enrichir.
Et puis...
Il y a celui qui le lance un "qu'est-ce qu'elle veut, elle?" juste assez fort pour que je l'entende.
Celle qui de ses yeux revolver me toise avant de me répondre de la façon la plus hautaine qui soit:
"qu'est-ce que j'en sais, moi!"
Sans parler de celui qui, suite à ma remarque, me rétorque avec aplomb,
du haut de ses treize ans, qu'il "s'en bat les c*******!"
Demain je les aurai presque oubliés, mais ce soir, dix jours après la rentrée, je me couche avec ce sentiment d'insatisfaction, de doute, de peine aussi.
J'adore mon métier et j'enseigne avec passion.
Mais ces élèves-là, ceux qui finalement nous montrent qu'ils vont mal, restent pour moi un mystère...
Onze ans que j'en côtoie, et je n'ai pas encore trouvé comment les aider, les "reconnecter" à coup sûr...
Demain, peut-être...
Tomorrow is another day...